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Ankri 101
23 février 2017

En Inde, une sordide arnaque visant les États-Unis à 100 millions de dollars

Pawan Poojary et Jayesh Dubey, deux adolescents indiens, ont raconté au New York Times comment ils ont arnaqué des milliers d’américains via un centre d’appel situé près de Bombay. Betsy Broder, qui traque les fraudes à la Commission Fédérale du Commerce à Washington, reçoit un appel l’été dernier. Deux adolescents indiens lui expliquent qu’ils voudraient partager les détails d’une opération criminelle de grande envergure qui ciblerait les États-Unis, raconte le New York Times. On estime depuis 2013 à 100 millions de dollars les pertes estimées. Les deux jeunes fraudeurs expliquent avoir usurpé l’identité de milliers de fonctionnaires de l'Internal Revenu Service —l’agence du gouvernement fédéral qui collecte les impôts— pour extorquer de l'argent. Le premier jeune homme, Jayesh Dubey, explique que depuis l’Inde, il menaçait des citoyens américains n'ayant, prétendait-il, pas payer tous leurs impôts. Il ordonnait ensuite aux plus crédules d’acheter des milliers de dollars de cartes iTunes en ligne et de lui envoyer le code d'activation. Les deux adolescents qui dénoncent cette affaire expliquent s’être d’abord rendus dans ce centre d’appel pour se faire de l’argent, sans penser à mal. Le premier jour, leur supérieur leur remet un script de six pages, qui débute par «Mon nom est Shawn Anderson, du département des affaires juridiques et du Département du Trésor des États-Unis». L'un des adolescents demande si c'est une arnaque, son supérieur lui répond simplement «oui, c'en est une». Mais motivés par l’argent, les adolescents se lancent dans la télécommunication frauduleuse. Ils sont payés chaque mois 16.000 roupies (environ 225 euros) et leurs primes dépendent du nombre d’arnaques qui s'avèrent concluantes. La clef du succès de cette arnaque selon eux? La peur panique des américains envers la police. Une pression psychologique sur laquelle surfent les usurpateurs . Jayesh Dubay s’explique: «En Inde, les gens n’ont pas peur de la police. Si quelqu’un veut venir les arrêter, ils disent “venez m’arrêtez”. Et c’est facile de s’en sortir. Mais en Amérique, ils ont peur. Il suffit de leur dire “Vous être en train de jouer avec le gouvernement fédéral”, et c’est tout». Les individus visés sont toujours des concitoyens indiens vivant aux Étas-Unis, permettant aux fraudeurs de jouer sur la peur de l’expulsion d’un côté, et sur le plan émotionnel de l’autre. Par exemple, Madame Dessai, l'une des victimes de la fraude à la télécommunication, raconte que lorsqu'elle a décroché son téléphone, un homme lui a expliqué qu’elle n’avait pas payé toutes ses taxes lorsqu’elle avait obtenu sa citoyenneté américaine en 1995, et à moins qu’elle le fasse, qu’elle serait renvoyée en Inde. Et lorsque Madame Dessai explique qu’elle doit d'abord appeler son mari pour en parler, une femme prend la parole au téléphone, s'adressant à Madame Dessai dans sa langue natale, pour la rassurer. Il s’agissait donc d’un système extrêmement bien rodé qui aurait pu continuer longtemps, si les deux adolescents n’avaient pas décidé de se dénoncer. Alors que le New York Times rappelle que l’Inde n’a pas la réputation d’être un pays particulièrement prompt à la fraude de grande échelle, l’agent du FBI attachée à l’ambassade de New Delhi, Suhel Daud, précise que beaucoup de facteurs convergent pour qu’elle le devienne. Tout d’abord un boom démographique de jeunes en recherche d’emploi, anglophones et doués en informatiques. Ensuite, une culture du centre d’appel. Enfin, des technologies ultra-efficaces. En y ajoutant une importante diaspora, notamment aux États-Unis. Nitin Thakare, inspecteur de police à Thane en Inde, parle de l’engouement des jeunes pour ces métiers illégaux, au moins au départ: «Durant les premiers jours, ça parait glamour. Quelqu’un leur enseigne l’accent, les gens fument, il y a des femmes.» Et ce business florissant ne paraît pas prêt de s'arrêter. Après le raid qui a démantelé le centre d’appel dans lequel Pawan Poojary et Jayesh Dubey travaillaient, les deux jeunes indiens se sont vus proposer des emplois qui impliquaient tous une forme de fraude depuis des centre d’appels auprès des américains. Comme une escroquerie sur les taux d’intérêt pour laquelle on demandait aux gens de déposer 1.000 dollars de preuve de revenu. Ou encore une arnaque au Viagra, qui était vendu coupé.

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