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Ankri 101
5 septembre 2015

La grenouille n'est pas française

Ô trahison ! Moi qui croyais que la grenouille était un mets typiquement français ! A l'occasion d'un cours de cuisine à Lille il y a deux jours, j'ai cependant appris que cette petite chose visqueuse faisait des infidélités, et régalait d'autres palais à travers le monde. Et pas qu'un peu ! A tel point que nous ne sommes pas les seuls à pouvoir être qualifiés de « mangeurs de grenouille » ! En dehors de l’Europe, et notamment en Thaïlande, le chef qui animait l'atelier nous a par exemple appris que des sacs de grenouilles vivantes figurent souvent sur les marchés alimentaires, où elles sont préparées sur place et mangées entières dans un curry vert. En Occident, ce sont les cuisses de grenouille qui sont consommées, et là encore pas qu'en France. Dans la région italienne de Pavie, en Lombardie, les cuisses de grenouille sont par exemple incorporées à des risottos, des frittata et des ragoûts à la tomate : elles sont donc encore davantage cuisinées qu'ici, où elles sont simplement cuites au beurre. Sous l'influence coloniale française (« cocorico ! », ou « kwoa », en l'occurrence), les grenouilles sont également apparues au menu en Louisiane aux États-Unis et dans les régions francophones des Antilles. C’est également une idée commune que les grenouilles sont capturées dans la nature, mais elles sont de plus en plus issues de fermes d’élevage en Asie et en Amérique. Les étangs commerciaux de grenouilles étaient d'ailleurs assez répandus en France au XIXe siècle et la région de Dombes était particulièrement réputée. La surexploitation, liée à la disparition de l'habitat marécageux naturel des grenouilles, a conduit à la protection de l'espèce Rana esculenta en France. Les grenouilles des menus de restaurants sont donc par conséquent le plus souvent des grenouilles taureaux importées d'Asie du Sud-Est. Un comble. Décidément, ce plat national n'a plus rien de national. Il faudra donc nous rabattre en pleurant sur nos pauvres autres spécialités, comme nos 500 fromages, nos centaines de vins, et quelques autres bagatelles. Bah, de toute façon, le plat n'était pas particulièrement délectable : on le dégustait d'ailleurs davantage pour sa sauce que pour sa viande, n'est-ce pas ? Si cela vous intéresse, je vous laisse le lien vers ce cours de cuisine à Lille, qui est très bien. Suivez le lien.

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